Comment ne pas vouloir mettre fin aux scandales qui minent régulièrement l’Eglise ? Il faut bien sûr que cessent les actes criminels de pédophilie et les manquements aux vœux de chasteté des prêtres et religieux ! Ce qui a été mis en place récemment par l’Eglise en France et par le Pape devrait être bénéfique. Mais le « tir à vue » que l’on constate aujourd’hui contre les prêtres est inquiétant. Il fut toujours l’œuvre des « bouffeurs de curés ». Mais, fait nouveau, c’est devenu un vrai sport dans l’Eglise elle-même. C’est à qui sera le plus réactif. Tel évêque renvoi un prêtre dans les 24 h qui suivent le simple dépôt d’une plainte. Tel autre s’empresse de faire un communiqué de presse en jurant qu’il « ne tolèrera rien » et qu’il « ne cachera rien » car il ne veut surtout pas finir au pilori comme Mgr Barbarin ! La presse catholique n’est pas en reste et ne veut surtout pas louper une « affaire ». Pourtant deux jeunes prêtres français se sont suicidés à quelques semaines d’intervalles en 2018 à la suite de suspicions.
Le 18 juin, Mgr Cattenoz évêque d’Avignon a fait la dénonciation d’un père de St Jean (le P Rouvillois) au Procureur de la République qui, lui, a déclaré que ces faits sont « anciens et qu’ils concernent des personnes majeures fréquentant la communauté ». La communauté St Jean, sans doute à la suite des investigations de sa « commission sos-abus » l’aurait donc dénoncé à Mgr Cattenoz en précisant qu’il s’agissait de cas « d’accompagnement de femmes majeures », mais qu’aucune plainte pour abus sexuels n’avait été reçue. Mgr Cattenoz s’empresse toutefois de faire un communiqué de presse où il affirme avoir fait son « devoir légal de signalement ». Il dit qu’en faisant « appel à la responsabilité de tout un chacun et prévu par la Loi pénale française, j’ai déposé un dossier auprès de Monsieur le Procureur de la République d’AVIGNON à telles fins que de droit selon son pouvoir d’appréciation et d’opportunité sur le caractère infractionnel de ces faits » [1]
On peut légitimement s’interroger sur l’opportunité de cette « information » faite par l’évêque d’Avignon qui semble ne pas vouloir lui-même discerner la nature des faits quand il dénonce ce prêtre alors :
1/ que visiblement, il n’a pas eu la connaissance lui-même d’un acte criminel avéré ou possible et qu’il n’a reçu « aucune plainte » de victimes présumées.
2/ qu’il n’y a pas de caractère d’urgence,
3/ qu’il invoque inutilement le « légal » avec « les instructions de Rome »,
4/ que les accusations contre son prêtre sont « indirectes » et qu’aucun mineur n’est en cause,
5/ et surtout qu’il n’avait aucune obligation de faire un communiqué de presse pour donner une large publicité à cette « affaire » et donc jeter un opprobre sur ce prêtre !
Il est enfin à craindre qu’un éventuel « classement sans suite » de l’affaire dans quelques mois ne fasse pas la même notoriété que la dénonciation et ne suffise pas pour rétablir ce prêtre dans sa fonction et sa crédibilité dans un nouveau ministère.
Certes le motu proprio « VOS ESTIS LUX MUNDI » du pape en date du 7 mai 2019 [2] fait obligation à l’évêque de dénoncer les « abus sexuels ». Mais cela doit se faire dans des conditions très précises. Il concerne les actes criminels (c’est-à-dire relevant le plus souvent d’une Cour d’Assises pour ce qui est du droit Français) comme des actes de pédophilie, pédopornographie ou de viol (art 1) . Il doit se faire après enquête, selon les règles de droits (art 3) et doit être couvert par le secret ou au moins par “la stricte confidentialité au sens du CDC canon 471” (art 2.2). Ce qui exclut donc les publicités qui seraient faites par les autorités cléricales par voie de presse ou autre… (interviews, communiqué, internet, etc…)
Enfin il faut rappeler que selon le canon 1717, l’évêque doit faire « une enquête prudente » et doit « veiller à ce que cette enquête ne compromette la réputation de quiconque » ! L’application à tout va d’un « principe de précaution » mal compris n’est donc pas demandée par l’Eglise qui ne souhaite pas s’affranchir des règles élémentaires de droit.
Dans ces matières difficiles il ne faut pas hésiter à inviter les hommes d’Eglise à se placer sur le terrain des règles du droit, et de faire preuve de discernement et d’analyse. Une attitude de «bienveillance» , de compassion et d’écoute à l’égard des victimes présumées ne suffit pas et n’autorise pas de s’affranchir de la justice.
On ne peut que recommander aux clercs en charge de responsabilités, la lecture de l’article de l’Abbé Bernard du Puy-Montbrun, (Doyen émérite de la Faculté de droit canonique , Docteur en droit canonique) : «Agressions sexuelles : que les évêques appliquent le droit canonique »[3] qui ne manque pas de conclure que « c’est ce que demande le bon sens des normes canoniques et de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi contre la peur ambiante et mortifère amenant les évêques à «se substituer aux victimes», qui ne sont pas toujours de véritables victimes, malgré les apparences émotionnelles. »
Rappelons enfin qu’en France, entre 2017 et 2018, 211 victimes se sont manifestées au niveau national, et 75 cas, en majorité des faits commis avant 2000, ont fait l’objet d’un signalement auprès du procureur compétent. Sur la même période, 129 clercs, prêtres et diacres, ont été mis en cause, c’est-à-dire visés par un témoignage, selon le rapport de l’Eglise catholique, Lutter contre la pédophilie. Sur cette même période, 10 “seulement” ont été mis en examen.[4] 10 sur 129, cela fait moins de 8 % de mises en examen après signalement et encore moins in fine de possibles condamnations. Même si on prend en compte des classements du fait de la prescription, ce faible taux de plaintes sérieuses nous donne une idée de la facilité avec laquelle une dénonciation peut être faite dans le climat actuel …
Marie Philippe (28 Novembre 2019) PDF de l’article
[1] Sans doute fait-il allusion à travers cette « explication juridique » à l’Article 434-1 du code pénal qui condamne » Le fait, pour quiconque ayant connaissance d’un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Sont exceptés des dispositions qui précèdent, sauf en ce qui concerne les crimes commis sur les mineurs :
1° Les parents en ligne directe et leurs conjoints, ainsi que les frères et soeurs et leurs conjoints, de l’auteur ou du complice du crime ;
2° Le conjoint de l’auteur ou du complice du crime, ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui.
Sont également exceptées des dispositions du premier alinéa les personnes astreintes au secret dans les conditions prévues par l’article 226-13.
[2] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/motu_proprio/documents/papa-francesco-motu-proprio-20190507_vos-estis-lux-mundi.html
[3] https://srp-presse.fr/wp-content/uploads/2019/01/srp_canonique.pdf
[4] https://www.bfmtv.com/police-justice/abus-sexuels-dans-l-eglise-a-paris-trois-signalements-a-la-justice-depuis-septembre-1814032.html
Bonjour Madame,
Avez-vous pris connaissance des contenus présentés dans ce document ? L’intégralité vaut d’être lue.
https://drive.google.com/file/d/11KTF6IehPCAG-Rn6U75oRceG9DvjdMHW/view?usp=drivesdk
Cordialement,
Réponse du blog et de MP: Oui, bien sûr ! Ce document est accablant mais souffre de beaucoup d’erreurs, d’inexactitudes et ouvre plus de questions que de réponses. Nous allons en faire une critique dans quelques jours.
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« L’enquête » et le rapport qui en résulte doivent être récusés du fait d’une procédure invalide mettant en cause des défunts , unilatéralement à charge , opaque , pratiquant l’amalgame et fondé uniquement sur des témoignages anonymes non expertisés . Ce rapport se heurte frontalement et se brise sur la réalité solide de l’oeuvre de l’Arche qui , elle , ne peut être mise en doute .
Ce rapport omet aussi , curieusement , un moment essentiel ou important de la vie du père Thomas où il a été envoyé par Rome comme visiteur apostolique en raison des graves dérives de l’ordre dominicain . Il omet aussi le role important du père Thomas dans la proclamation du dogme de l’Assomption .
Enfin est-il normal de confier de tels enquêtes et rapports aux conséquences aussi lourdes à des organismes et des personnes privés sans débats ni défense ? Cela fait peur et confirme malheureusement une certaine pratique du secret , un manque de transparence , qui relève de l’arbitraire trop souvent rencontré dans l’administration ecclésiale
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Il est beaucoup plus éclairant de lire le rapport de 2016 , très informé et circonstancié , de Xavier Le Pichon qui , lui , connaissait l’Arche de l’intérieur et de le mettre en regard de la foule curieusement hétéroclite des accusateurs ( qui va d’une certaine administration/bureaucratie ecclésiale , à certains milieux traditionalistes , en passant par les contempteurs habituels de l’Eglise et de la foi chrétienne ) réunie , parfois avec une joie mauvaise à peine dissimulée , dans la même vindicte ……..
Ainsi Mr Bernard dans son blog très préoccupé de questions liturgiques est éloquent :https://www.riposte-catholique.fr
« Suite aux révélations sur Jean Vanier, l’abbé Vénard rappelle sur son blogue la persécution qui
a frappé les catholiques fidèles à la foi traditionnelle reçue des apôtres par les autorités
ecclésiales, qui ont été extrêmement laxistes sur les plans liturgiques, dogmatiques, moraux…:
Contrairement à beaucoup de ceux qui se sont exprimés ces derniers jours, je ne connaissais
pas Jean Vanier, je ne l’ai jamais rencontré, pas plus d’ailleurs qu’un certain nombre d’icônes
du catholicisme français des années 1980 – 2000, en passe toutes, d’être déboulonnées du
piédestal sur lequel les avaient placés ceux-là même qui, aujourd’hui, pleurent leurs errances.
L’air du temps aidant, on peut certes parler d’ « indignation », de « sidération », d’ « émotion »,
mais je crois qu’il faut surtout parler de raison, et avoir le courage d’examiner, avec lucidité et
recul, comment tant de figures dites charismatiques du dernier quart du XXe siècle, se
retrouvent désormais au pilori, sans que la gravité des actes qu’elles ont commis – de la
pédocriminalité systématique aux dérapages ponctuels sur fond d’emprise psychologique ou
spirituelle – ne soit bien sûr remise en cause.
Ce qui est choquant au premier chef, dans cette triste litanie de fondateurs devenus prédateurs,
? à L’Arche, à Point-Cœur, aux Béatitudes, aux Légionnaires du Christ, à la Communauté
Saint-Jean, aux Fraternités monastiques de Jérusalem, au Foyer Sainte-Marie de Douvres, et
sans doute à d’autres encore non connus ? , c’est autant le sordide des faits que l’affreux
silence complice qui les a entourés des années durant, le relativisme moral de certaines
autorités ecclésiales, ou encore le contexte délétère d’une Église de France en perte de
repère. Car, il faut bien se remettre dans le contexte des terribles années de l’après Concile,
quand il était plus important pour les supérieurs de pourchasser les prêtres en soutane ou en
clergyman, les réfractaires au grand n’importe quoi liturgique qui tenait lieu de messe, que de
soutenir les fidèles dans la foi catholique et de réprimer les prêtres, religieux et autres figures
charismatiques aux mœurs déviantes.
Que l’on se rappelle les années de plomb de l’Église de France. Ces années, où trouver une
messe ressemblant à ce qu’indiquait le missel romain, relevait du défi dans nombre de
diocèses ! Ces années où le clergé ? y compris le haut ? en France n’hésitait pas à critiquer
ouvertement les positions magistérielles des papes, où le catéchisme est devenu un
gloubiboulga humanitaire à peine digne d’une loge maçonnique théiste, où la confusion à tous
les niveaux régnait en maîtresse et était publiquement soutenue par l’épiscopat. Dans ces
années-là, quelques personnalités se sont élevées contre ce chaos organisé, ce sabbat
diabolique où les hommes d’Église flirtaient avec le monde. C’est là que, face à l’incurie des
autorités légitimes, au milieu de ces personnalités forcément aux caractères plus que trempés
pour avoir le courage de résister, de s’opposer, se sont aussi glissés des « pervers », des
« manipulateurs ». Leur tâche a été d’autant aisée, que le pauvre peuple chrétien, ou ce qu’il
commençait à en rester, a vu en eux des planches de salut. De là, ont pu naître en effet des
« idolâtries », parce que le peuple voulait des guides, quitte à s’en remettre de manière aveugle
à des loups déguisés en bergers et parce que les bergers légitimes eux n’enseignaient plus la
foi catholique et favorisaient le désordre et la désobéissance.
Que l’on ne s’y trompe pas. Ce n’est pas la trop grande sacralisation du clerc qui a été la
source de ces déviances ; mais bien au contraire sa désacralisation, qui dérivait à la fois de la
perte du sens du sacré dans le trésor le plus précieux de l’Église, sa sainte liturgie, et des
mouvements idéologiques qui traversaient la société occidentale tout entière. Ceci est bien
illustré dans les cas où les manipulateurs se sont révélés être des laïcs ! Le pape François a
désigné le cléricalisme sous toutes ses formes comme une expression et une cause majeure de
ces dysfonctionnements dans la vie des communautés chrétiennes. Le cléricalisme, ? à bien
distinguer du « sacré », au risque une fois de plus de tomber dans des errements déjà connus ?
, est avant tout une tournure d’esprit, qui frappe en premier lieu les clercs dans l’Église, du fait
de la charge de gouvernance qui leur est confiée par le droit canon et la tradition. Mais, il peut
toucher les laïcs aussi en ce qu’il est avant tout une manière de considérer cette charge
comme un exercice de pouvoir (potestas) et non un service d’autorité (auctoritas). Pour le dire
avec d’autres mots : est cléricaliste toute manière d’exercer une charge – aussi minime soitelle, comme les fleurs de la paroisse ! ? en la considérant comme propriété personnelle au
profit premier, et parfois unique, de soi-même…
Tirer les leçons de ce triste passé récent de notre Église de France est une urgence. Prions
pour que nos évêques d’aujourd’hui aient le courage de l’affronter, de l’assumer, loin de la
langue de buis et du déni de réalité qui leur sont trop souvent reprochés. Restaurer
l’intelligence catholique des fidèles en est une autre, ainsi que leur réapprendre la vraie liberté
intérieure. Cette dernière est toujours plus exigeante et inconfortable qu’une pseudo
obéissance qui camoufle difficilement paresse et panurgisme ! Nous ne devons d’obéissance
inconditionnelle qu’à notre conscience (à charge pour nous précisément de l’éclairer), au
Christ et à ses enseignements transmis par la tradition et le magistère authentique, au pape
vicaire du Christ à la tête de son Église. Pour le reste… bon sens, prudence, libre obéissance,
discernement, sensus fidei, seront toujours les meilleurs guides. Dieu le Père n’invite pas le
chrétien à être infantilisé dans des institutions humaines, seraient-elles ecclésiales, mais à
devenir son enfant en Jésus-Christ, afin de parvenir, au jour ultime de la rencontre avec son
Créateur, à la stature d’homme glorifié »
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Est-il possible d’avoir des nouvelles du père Samuel Rouvillois ? Que devient-il depuis qu’il a été livré publiquement et grossièrement à l’opprobre par un évêque peu scrupuleux …..? Après l’accusation publique et sommaire …..le silence est assourdissant et inquiétant.
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On se demande pourquoi un père Samuel Rouvillois qui avait un rayonnement , une audience indéniables , un « charisme » diraient certains , a été ainsi jeté , brutalement et sans raisons et nécessités sérieuses hors de toute prudence et ….justice , sous les roues du rouleau compresseur médiatique .
Est ce parce qu’il était gênant car entré tôt dans la communauté St Jean à Fribourg en Suisse , il avait été très proche du père Marie-Dominique et restait un témoins éloquent de ces débuts si décriés d’une communauté dont on veut , de toute évidence , éliminer la mémoire et l’oeuvre du fondateur
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