Ce rapport (qui est public) est important dans ce dossier car le gouvernement des frères de st Jean s’appuie sur celui-ci pour justifier les dernières condamnations du père Marie-Dominique Philippe. Il fait un “constat des cas traités” à propos des abus commis par des frères de St Jean et veut en analyser les causes. 27 frères sont concernés. Ce chiffre est élevé et à juste titre préoccupant pour une communauté religieuse composée essentiellement de prêtres. Les victimes sont, elles, en droit d’être écoutées et de demander des correctifs sérieux . Mais la défense des victimes ne doit pas se
faire sur des contre-vérités ou des dénis de réalité qui ne peuvent pas conduire à approcher de la vérité et donc qui ne contribuent pas à leur reconstruction.
Cette commission s’apparente à une juridiction interne puisqu’elle “instruit” les plaintes, entend les auteurs des abus et propose des sanctions pénales au Prieur. Ce n’est pourtant pas une instance prévue par le droit canon et des questions se posent :
- Les auditions sont-elles contradictoires ?
- Ont- elles une valeur canonique ?
- Il y a-t-il eu des confrontations entre les plaignantes et les prévenus ?
Aucune précision ou garantie n’est donnée sur les procédures en place et sur le sort des dossiers individuels traités par cette commission…
Il y a toutefois une petite statistique qui nous interpelle : 77 % des cas se situent après 2001 (p5). Rappelons que le Père MDP est mort en 2006 à l’âge de 94 ans et n’avait donc plus aucune responsabilité de gouvernement depuis 2001. Donc seul 23% des 32 “cas” de 27 frères pourraient relever de la responsabilité du p MDP. Notons aussi que le nombre de frères étant en décroissance depuis 2001, la proportion relative des frères ayant commis des d’abus après 2001 serait plus importante.
Aussi en toute logique, la grande majorité des abus commis par les frères dont il est question ne devrait donc pas être imputable au gouvernement passé du p. MDP. Pourtant le rapport pointe surtout le père Philippe qui est devenu le bouc-émissaire de toutes les perversités tant homosexuelles qu’hétérosexuelles de certains frères de cette communauté.
Il frappant de voir à la lecture de ce rapport, les nombreuses affirmations péremptoires rapportées en l’état sans la moindre distance et prudence quand il s’agit d’accusations contre le p MDP. Les faits et chiffres avancés ne permettent pas en fait de se rendre compte vraiment de la situation. Par exemple, au fil de la lecture des verbatims, on ne sait pas s’il s’agit de témoignages de victimes ou bien de “témoignages” de frères. Quand un abuseur présumé parle, il faudrait dans ce cas parler d’aveux ou bien de dénégation. Ainsi le rapport ne donne pas la proportion de frères ayant avoué tout ou partie
des faits reprochés par la victime et des frères ayant niés en bloc. Des frères avouant des faits peuvent chercher à se justifier et donc rejeter une partie de la responsabilité de leurs actes sur des hésitations, des “silences” ou des actes de miséricorde incompris ou trop fréquents du p MDP. Car dans tout tribunal , il est constant de voir la plupart des prévenus face à leurs juges, rechercher “naturellement” à minimiser leurs actes et à faire porter une part de leur responsabilité sur des “initiateurs” dans le but
de faire endosser par d’autres une responsabilité et ainsi tenter de diminuer la rigueur de leurs futures peines. La commission s’étonne pourtant de voir les auteurs dire avoir été guidés par la “bonne intention”, “l’amitié”, et par la justification (invérifiable !) des actes en question “qu’aurait fait le p. MDP” de son vivant à toute une chaîne hiérarchique d’abuseurs …
Aucun terme au mode conditionnel n’est employé dans le rapport où tout est défini comme “crédible” avec des propos vagues comme : « Une victime qui parle à d’autres victimes a dit que… »ou bien “nous avons entendu parlé de tentations et des tentatives de suicides”.
Aussi les accusations contre le père Philippe “tombent” comme une évidence :
● “Un formateur qui embrassait un frère sur la bouche à été confirmé par le p MDP”
● “Un frère à mis un mot SOS au père Philippe” qui n’aurait donc pas de réponse (?)
● Le père à dit a deux femmes victimes d’un frère “de prier et faire miséricorde”
● Le père à dit à un frère abuseur “oui si vous y trouvez votre repos et si cela peut être discret “
● Ou bien “deux frères ont témoigné de gestes contre la chasteté du père MD Philippe à leur égard. Un frère nous a dit que le pere Philippe l’avait embrassé sur la bouche et un autre qu’il avait pris sa main pour lui faire toucher son sexe par dessus l’habit “ (p10) . On peut s’étonner légitimement de cette “nouveauté” ! Cette accusation d’homosexualité (donc de bi-sexualité) du MDP est grotesque et décrédibilise la totalité du “rapport” . Rappelons qu’à l’origine les accusations étaient reconnues “crédibles” parce que “convergentes” et vers les femmes uniquement.
Une cause des abus serait « l’idéologie » de la communauté et “l’influence idéologique qui met en avant l’intention au détriment de l’objectivité”. Ce terme étonnant est employé deux fois comme si le fondateur pouvait être à l’origine d’une « idéologie » et de celle-ci en particulier…
Bien sûr, la rhétorique sur l’enseignement philosophique perverti sur “l’amour d’amitié” (l’influence d’Aristote ! ) revient en boucle comme une des causes de tous les maux . “Il faut lutter contre cette “transmission inconsciente” de ces comportements d’abus dans la communauté” dit encore le rapport. Ce qui est contradictoire avec le fait évident qu’un enseignement ne fait pas appel à l’inconscient …
“L’abus engendre l’abus” … et on recherche ainsi la cause première qui est encore le père MDP qui aurait eu “une affectivité déviante” et un enseignement qui a “engendré ou permis les abus”. C’est la thèse développée entre autres par Sophie Ducrey dans son livre ”Etouffée” et à la radio RCF le 30 sept 2019 où elle affirme que les abus à St Jean proviendraient d’un “système fomenté par le haut”.
Le paragraphe sur « Les structures d’abus » (p9) est assez éclairant sur le procédé qui vise in fine à mettre une grande part de la responsabilité des abus sur le fondateur puisque “l’ensemble des cas relève des relations entre les abus” . Il y aurait eu comme un “mot d’ordre” dans une structure par essence perverse. “Les structures d’abus” se retrouveraient aussi dans un excès de miséricorde qui n’objectivise pas la faute, un laxisme sur les questions de morale sexuelle, un défaut de formation à la psychologie (dont l’objet n’est pas en général de prévenir les abus …) et de discernement dans les
vocations. Comme si ces faiblesses congénitales de la Communauté St Jean étaient le fait du seul fondateur qui aurait été l’autocrate d’une secte pendant plus de 40 ans ! Notons au passage qu’on retrouve ces problèmes dans bien d’autres communautés.
Pour parfaire cette accusation, le rapport souligne l’implication de “5 proches collaborateurs du P Philippe qui font partie des auteurs des abus les plus graves “. Donc, c’est nécessairement le fondateur qui en serait la cause …
Mais le rapport ne fait pas mention du rôle et donc la responsabilité évidente des autres frères « aux commandes” de la congrégation :
● 33 autres frères du gouvernement,
● 24 maîtres de novices,
● 7 Maîtres de profès
● et des 40 prieurs de maison de formation (chiffres de St Jean cf note p. 6)
● et nombre de professeurs
qui participèrent
○ aux discernements des vocations,
○ à la direction spirituelle,
○ et à la formation (ou non-formation) des frères coupables d’abus.
Merci pour cette quête bienfaisante de vérité comme une vraie bouffée d’air dans une atmosphère confinée et viciée difficilement respirable . Le père Marie-Dominique a été l’apôtre zélé et le témoins inlassable de l’urgence d’un « retour à la Source » . Ce témoignage est plus que jamais d’actualité .
Ainsi l’interview , très orientée par la journaliste , de Sophie Ducrey sur RCF laisse songeur et devrait faire l’objet de nombreuses questions que , précisément , la dite journaliste ne pose pas ….. Plus encore , on peut s’étonner du fait qu’une telle interview à charge puisse avoir lieu sur une « radio chrétienne » . Mais les arrière-pensées sont tellement grosses et évidentes qu’on pourrait ne pas les voir
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