Une nouvelle analyse par le Prof PIGE du dernier rapport de la Communauté St Jean sur les « abus ».

Le professeur Benoit PIGE nous livre une nouvelle analyse qui vient de paraître dans la revue universitaire HAL-SHS sur les perceptions et significations des abus sexuels appliqué à la communauté St Jean. Nous ne pouvons que saluer cette analyse originale et pertinente faite avec le recul du chercheur en Sciences Sociales même si nous ne sommes pas en plein accord avec sa critique sévère du « système de pensée globalisant » qui serait « largement répandue dans le monde catholique« . Mais l’analyse froide et dépassionnée de cette « affaire » ubuesque doit dépasser celles qui sont rendues « officielles » par un petit milieu aujourd’hui sclérosé et autoréférentiel qui, en fait, ne cherche pas à se remettre en question.

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Voici le résumé qu’il a fait de son étude : 

Selon le rapport de la Ciase , le concept d’abus sexuel peut revêtir des définitions variées qui rendent difficile toute tentative d’analyse et de comparaison des données. Dans le cas du rapport de la Communauté Saint Jean (CSJ) sur les abus sexuels, les données fournies par la commission SOS abus mise en place par la CSJ permettent de nuancer la gravité des abus commis, que ce soit par leur nature ou par les personnes qui en sont victimes. La présentation (par le rapport de la CSJ) du nombre total d’abus et leur augmentation exponentielle entre 2019 et 2022 laissent penser que l’on est face à une secte qui a organisé de façon massive un système d’abus sexuels sur mineurs et majeurs. La réalité des condamnations par la justice étatique invite à plus de circonspection puisque ce sont 5 frères qui ont fait l’objet de condamnations et 13 qui font l’objet d’une procédure en cours. 

En l’absence de données sur le nombre total de membres ayant appartenu à la communauté, il est difficile de pouvoir procéder à des comparaisons institutionnelles : la communauté de la famille Saint Jean est-elle pire que les diocèses environnants ? Concernant le fondateur de la CSJ, le père M-D. Philippe, on aurait un pervers sexuel qui, bien qu’ayant été initié précocement par son frère à des actes d’abus sexuels, attendrait d’avoir 60 ans pour se livrer lui-même à des actes de masturbation avec une ancienne religieuse avant de répandre son idéologie perverse dans toute la communauté qu’il a fondée. Ce narratif est discutable puisque, jusqu’en 2005, alors que le père M-D. Philippe a 93 ans, ce dernier est souvent critiqué mais jamais pour des abus sexuels. Les abus imputés à des frères de la CSJ sont davantage étayés car ils ont été révélés du vivant des personnes mises en cause. Les victimes n’ont pas attendu le décès de leur agresseur pour apporter leur témoignage public. 

Néanmoins, il existe parfois un décalage entre la perception des faits et leur interprétation. Des cas d’abus sexuels ont fait l’objet d’enquêtes de police et de jugements contradictoires, que ce soit au sein de la CSJ ou au sein de diocèses. L’existence d’abus sexuels commis par des prêtres ou des religieux et religieuses est donc un fait. Par contre, l’ampleur de ces faits relève du domaine de l’interprétation. En effet, comme le souligne le rapport de la CSJ, de nombreuses accusations d’abus sexuels ne sont pas étayées par une enquête de police et ne reposent que sur des dénonciations. Dans le cas du fondateur de la CSJ, ces accusations émergent après son décès et l’accusé n’a donc jamais été confronté à ces accusations. Selon notre hypothèse, la violence médiatique des accusations post-mortem pourrait en partie s’expliquer par la violence d’un système de pensée globalisant. 

En effet, une caractéristique de l’enseignement de M-D. Philippe, le fondateur, est que son enseignement était exclusif, il ne souffrait guère l’émergence de pensées alternatives. Il nous semble que M-D. Philippe présente la même ambivalence que tout être humain, avec sa part de qualités et d’imperfections. Ce qui nous intéresse n’est pas de juger M-D. Philippe mais de comprendre pourquoi s’est abattu sur lui un tel acharnement médiatique s’il n’était pas un pervers sexuel ? Le premier point est que, tout comme Philippe Barbarin, il a une responsabilité de fait en tant que dirigeant autocrate. Le second point est que la doctrine qu’il professait est une doctrine largement répandue dans le monde catholique. Plutôt que de s’interroger sur la pertinence de cette doctrine, d’essayer de discerner les éléments positifs et ceux plutôt négatifs, il était sans doute plus simple pour la majorité des évêques de France de condamner son auteur.

in english

According to the Ciase report, the concept of sexual abuse can take on a variety of definitions, making it difficult to analyze and compare data. In the case of the Saint Jean Community (CSJ) report on sexual abuse, the data provided by the SOS abus commission set up by the CSJ make it possible to qualify the seriousness of the abuse committed, both in terms of its nature and the people who suffer it. The CSJ report’s presentation of the total number of abuses and their exponential increase between 2019 and 2022 suggest that we are dealing with a sect that has organized a massive system of sexual abuse of minors and adults. The reality of convictions by the state justice system calls for greater circumspection, since 5 brothers have been convicted and 13 are the subject of ongoing proceedings. In the absence of data on the total number of members who have belonged to the community, it is difficult to make institutional comparisons: is the Saint Jean family community worse than the surrounding dioceses? As for the founder of the CSJ, Father M-D. Philippe, we’d have a sexual pervert who, despite having been initiated into acts of sexual abuse at an early age by his brother, would wait until he was 60 to indulge in acts of masturbation with a former nun before spreading his perverse ideology throughout the community he founded. This narrative is questionable, since until 2005, when Father M-D. Philippe was 93 years old, he was often criticized, but never for sexual abuse. The abuses attributed to the CSJ brothers are more substantiated because they were revealed while the accused were still alive. Victims did not wait for the death of their abuser to give public testimony. Nevertheless, there is sometimes a discrepancy between the perception of the facts and their interpretation. Cases of sexual abuse have been the subject of police investigations and contradictory judgments, both within the CSJ and within dioceses. The existence of sexual abuse by priests and nuns is a fact. However, the extent of this abuse is a matter of interpretation. Indeed, as the CSJ report points out, many accusations of sexual abuse are not backed up by a police investigation and are based solely on denunciations. In the case of the CSJ founder, these accusations emerged after his death, and the accused was never confronted with them. According to our hypothesis, the media violence of the post-mortem accusations could be partly explained by the violence of a globalizing system of thought. Indeed, a characteristic of the teaching of M-D. Philippe, the founder, is that his teaching was exclusive, and did not tolerate the emergence of alternative thought. It seems to us that M-D. Philippe displays the same ambivalence as any human being, with his or her share of qualities and imperfections. We’re not interested in judging M-D. Philippe, but to understand why he has been subjected to such a media frenzy if he wasn’t a sexual pervert? The first point is that, like Philippe Barbarin, he has a de facto responsibility as an autocratic leader. The second point is that the doctrine he professed is widely held in the Catholic world. Rather than questioning the relevance of this doctrine, or trying to discern its positive or negative elements, it was undoubtedly simpler for the majority of French bishops to condemn its author.

2 commentaires

  1. Réflexion très intéressante car se voulant réellement scientifique et non suspect de mauvaises intentions et de pré-jugés même s’il existe , comme chez toute personne y compris scientifique , des biais ou conditionnements personnels ( cf « Les passions du savoir » de Pierre Thuillier historien des sciences ) . Ainsi qualifier le père MD. Philippe « d’autocrate » est très abusif et semble être totalement non fondé en faits témoignant d’une méconnaissance de l’Eglise en général et de la situation particulière de l’Eglise des années 1970-1980….

    Quant au « système de pensée globalisant » , cela ne repose pas sur grand chose et c’est aussi globalisant …, quand on sait le gout du père MDominique pour les questions disputées , les séances de question-réponse après chaque cours notamment lorsqu’il enseignait publiquement à l’université catholique de Fribourg

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  2. L’étude sociologique de Benoît. Pige m’apparaît être un bon contrepoids contre des accusations tout à fait injustifiées qui manifestent sans aucun doute une démarche douteuse pour ne pas dire orientée de gens qui cherchent à détruire, ou à se protéger de leur hypocrisie, plus que la vérité des faits. Leur méthode surfant sur des scandales utilisent des fragilités des personnes. Elle est opportuniste, cherche l’audimat. Derrière ces fausses informations se dévoilent des intentions douteuses cherchant à détruire, en créant des boucs émissaires pour soulager leur haine ressentimiste, ou une collaboration malsaine pour d’autres.
    Enfin, une étude sociologique pertinente, objective et non orientée par des haines et des interprétations idéologiques.
    La première et insupportable déviation de toute ces affaires est d’instrumentaliser l’Eglise et son soi disant pouvoir pénal. Un peu de raison suffirait pour rappeler que l’Eglise n’a plus ce pouvoir dont certains ministres même les plus éminents, ont trop souvent abusés par le passé pour brûler les sorcières présumées. Aujourd’hui enfin, la hiérarchie ecclésiastique est rendue impuissante dans ce pouvoir politique par de nombreux pays. Combien de temps et de massacres pour comprendre qu’à César appartient cette tâche temporelle de la justice humaine avec ses institutions autonomes?
    Aux membres de l’Eglise, même au delà de la caste ecclésiastique et journalistique, chacun n’est il pas invité à faire sienne cette autre affirmation du Seigneur: « Je ne suis pas venu pour juger mais pour sauver. » Le disciple de Jésus peut-il se focaliser sur la faute et s’acharner sur les pécheurs en les jetant sans scrupule sur l’agora d’une meute de loup vorace répandant encore leur cruauté ? Est-il conscient de sa condition misérable en répandant le péché sur le péché d’une manière méthodique pour faire plus mal encore? Les chrétiens tentés de faire justice eux-mêmes en répandant des calomnies contre des monstrueux coupables inventés par le Diviseur et toute sa cours zizanique, devraient relire, dans la prière le récit de la femme adultère. Espérant au moins désamorcer leur haine et leur jugements prématurés que chacun se rappelle que Jésus apporte la Révélation de la Miséricorde
    Certes, me diront les accusateurs de service, qu’en les accusant je tombe moi-même dans leur logique dévoyée. N’étant pas irréprochable et pécheurs, je nous renvoie à notre intime et propre conscience: quelle est mon intention? le pouvoir? la destruction d’un ennemi? L’amour de Celui qui s’est nommé la Vérité? A chacun de sonder son cœur et d’éviter de scandaliser les brebis de Jésus. Lui-même se charge de les défendre et d’appeler ceux qui les maltraitent à un discernement. Chacun nous aurons à lui rendre compte de nos actes, de nos raideurs, de nos trahisons… qu’Il a lui-Même portés. Saurons-nous lui demander pardon au tribunal de l’Eternel?

    Ce qui suit, s’adresse plus spécifiquement à Mr Benoît Pigé concernant la deuxième partie de son exposé. N’ayant pas accès à son adresse mail, j’espère que lui seront transmises ces quelques remarques dont le but est de l’éclairer sur sa question légitime en seconde partie:

    Pourquoi s’est abattu sur le PMDP un tel acharnement médiatique s’il n’est pas un pervers sexuel (cela a été démontré dans la première partie)?

    Le premier élément de réponse de Mr Piget pointe un gouvernement défaillant et une autocratie du père Marie-Do. Je me permets de critiquer à mon tour cette prétendue « autocratie », tout comme son soi disant « enseignement exclusif » ne souffrant pas des pensées alternatives.
    Concernant l’autocratie présumée, rappelons que le père Philippe était soumis à l’autorité de l’Eglise représentée notamment par l’évêque du diocèse d’Autun. L’Eglise de Rome a d’ailleurs eut des exigences concernant l’enseignement puisqu’elle engage sa responsabilité dans les différents degrés de l’ordre clérical.
    Si dans la formation de la communauté saint Jean, l’insistance était mise sur les cours de philosophie, puis de théologie (2nd cycle de formation) tenus par le père Marie-Do, de nombreux autres cours étaient donnés par d’autres prof de la communauté ainsi que des professeurs venus de l’extérieur. (histoire, langue, patristique, etc)
    Le mode de gouvernement s’est aussi rapproché de celui de l’ordre dominicain avec l’élection des vicaires, prieurs, maître d’étude et des différentes fonctions nécessaires pour gouverner à travers des vicariats différents. Sans entrer dans les détails. Les défaillances du gouvernement ne sont donc pas imputables exclusivement au prieur général qui à un âge avancé pouvait se délester du gouvernement des multiples prieurés ayant chacun leur autonomie et leur lien avec les constitutions.
    Les exigences de la hiérarchie romaine furent logiquement plus strictes au fur et à mesure de l’extension d’une communauté devenant internationale et toujours plus nombreuse jusque dans les dernières années de la vie du père Marie Do. N’étant plus prieur général au cours de ces dernières années, il était tout à fait normal pour les frères et sœurs qu’il continue d’enseigner. Une telle démarche vers les 3 sagesses qu’il proposait ne pouvait manquer, notamment aux plus jeunes frères; devenu témoin d’un enseignement d’une profondeur et d’une intensité qui n’a pas défailli, au contraire, jusqu’à la fin de sa vie.
    De 1990 jusqu’à sa mort j’ai suivi avec ferveur, et joie profonde son enseignement et son témoignage, sans jamais me lasser de ses apparentes répétitions qui en fait n’agacent que ceux qui ne comprennent que de l’extérieur sans entrer dans une pensée structurée que je comparerai pour ma par à une spirale, une pensée circulaire s’approfondissant jusqu’ à atteindre le centre. Ou bien le sens inverse, qui est de partir du centre, de la Source, du principe pour s’étendre et s’ouvrir toujours davantage à toute oreille attentive, bienveillante.

    S’il avait son caractère (zélé pour la vérité), c’est aussi son amour pour la vérité qui le rendait peut-être trop exclusif pour les ventre mous (adepte du relativisme absolu) de cette recherche exigeante, mais certainement pas exclusive. Il rappelait très souvent qu’ il s’agit de se laisser posséder par la vérité (ou avec un grand « V » se référant à Jésus ) et qu’on ne pouvait prétendre la posséder. Evidemment ceux qui n’acceptaient pas cette ascèse de l’intelligence nécessaire pour s’ouvrir jusqu’à la Sagesse, pouvaient voir dans cet effort difficile, de la dureté, peut-être de la jalousie(?).
    Mais on ne pouvait l’enfermer dans cette catégories d’intellos fermés, car c’était un homme très sensible, passionné, vivant, joyeux, une joie communicative n’hésitant pas à vous réveiller délicatement par un regard, une remarque d’humour, un geste affectueux montrant sa proximité quand il passait à côté de vous. Il m’apparaissait alors aussi d’une humilité remarquable, dans ces rencontres.

    L’allusion aux frères dominicains entrés dans la communauté pour enseigner, comme le suggérait Mr Bigé pointe quelque chose que je ne voyais pas jusque-là. J’étais aux études à N.D de Rimont au moment de ces tensions entre professeurs (aux environ de l’année 2000). La tension était palpable mais je n’en n’ai jamais connu les raisons. En tout cas j’imagine que le père Marie-Do n’aurait pas supporté laisser un frère soit disant bon enseignant donner une priorité à sa carrière de prof au risque de délaisser sa vocation religieuse. Ces querelles de pouvoir pouvait sans doute l’irriter. Mais pas pour préserver son propre pouvoir; à quelques années de sa mort, il n’avait plus rien à prouver ni à s’approprier; surtout après tant d’années d’enseignement et de vie religieuse toute orientée en permanence vers Jésus, vers Marie et avec tant de fécondité spirituelle. Je crois qu’ à cette époque, il ne pensait qu’à protéger ses plus jeunes frères et sœurs, à les préserver de l’orgueil, à les encourager à ne rien s’approprier. Nous n’avons pas d’œuvre spécifique à revendiquer, répétait-il souvent de différentes manières.
    Pour ma part, peut-être paradoxalement, à chaque fois que je croisais le père Mari-do, je pensais toujours à la première béatitude: celle des pauvres de cœur qui me semblait si bien lui convenir, tout particulièrement.
    Ces béatitudes évangéliques ayant si mauvaises presses, même chez une certaine partie des chrétiens plus rassurés par la loi, un moralisme, le progressisme, le traditionalisme, l’ouverture au monde moderne, que-sais-je encore comme préoccupation dominante. Quand ces intentions secondaires prennent le dessus sur la vie évangélique, on glisse facilement sur la com. et les valeurs du monde; l’instrumentalisation médiatique devient la démarche principale pour soit disant porter le message. Toutes ces logiques mondaines surfant avec la performance, le succès, la gloriole humaine, les chiffres…

    N’oublions jamais que Jésus fut l’ennemi acharné à abattre par la caste sacerdotale, les pharisiens crispés. Ce n’est pas Pilate qui l’a condamné; il s’en est lavé les mains. Et l’apôtre Jean dans sa première épitre pointe les anti-Christ provenant de sa propre communauté.

    La comparaison faite par Mr Pigé entre un fondateur et un chef d’entreprise me semble trop peu nuancée. Elle ne précise rien et reste floue. Si chacun dispose d’une autorité, elle n’engage pas du tout les mêmes enjeux, n’a pas du tout la même finalité et ne soumet pas les personnes de la même manière. Mais cela demanderait un trop long développement ici.

    La critique de Mr Pigé sur l’enseignement du père MdP repose sur une déformation de cet enseignement tout comme les accusations d’agresseurs sexuels ne tiennent pas devant une lecture critique compétente. Toute cette machination idéologique a une cohérence évidente. L’a priori principal est la personnalité dévoyée sexuellement de l’accusé. A partir de là, les enquêteurs malveillants déforment et orientent leur argumentation pour trouver un récit de charges accablant. Cela peut sembler rapide comme argument, mais revenons à autre chose que des théories; pour orienter nous aussi vers un jugement plus respectueux de l’accusé mis en cause. On ne pourra respecter la démarche des anonymes qui l’ont chargé en instrumentalisant avec un certain génie-malin les foules, les assemblés, bref le « bête Sénat » mis en scène, bien qu’étant composé d’êtres intelligents.

    La soi disant théorie de l’amour d’amitié développée par le père MdP a été largement dévoyée, elle-aussi par ses accusateurs. Relisez-donc par exemple. » lettre à un ami » (condensé admirable de sa longue quête philosophique édité dans une collection universitaire) dans la partie concernant cette amitié. Je vous défie d’y trouver ce qui est décrié comme un amour désincarné, idéaliste, hors sol niant le contexte… c’est tout le contraire.
    Il faut ensuite faire la différence entre cette démarche proprement philosophique et la démarche théologique pouvant user des mêmes mots grâce à une pensée analogique capable de jouer sur un autre niveau. En langage plus scientifique on respecte l’objet formel et donc la réalité recherchée et regardée sous un certain point de vue. Des points communs peuvent ainsi être mis en évidence dans l’amitié humaine et l’amitié divine, sans jamais oublier toute la différence. Cette différence n’apparaît peut être pas toujours clairement pour celui qui n’a pas exercé son intelligence à changer de niveau. On ne parle pas de la même manière de l’amitié en philosophie qu’ en théologie. Une intelligence éveillée à ces différents niveaux ne tombe pas dans le piège de l’uniformisation du savoir, grande maladie moderne (soi-dit en passant). De nombreux malentendus tomberaient si on respectait ces visions différentes nécessaires pour cerner une réalité par nature inconnaissable (Dieu) et qu’on atteins que par une démarche intellectuelle analogique (non univoque ou uniforme ou simpliste).

    Les critiques de Mr Pigé sur l’enseignement du père Philippe ne tient pas compte de toute la complexité et la richesse des perspectives de cet enseignement, impossible à résumer ici en quelques lignes. Elles ne sont pas non plus en contradictions avec les sciences modernes qui ont un champ de recherche encore différent.
    En quelques mots, le domaine de la foi et de la théologie cherchant à rendre compte de cette réalité divine (elle n’est pas une croyance, ni une idéologie), ne peut pas être en contradiction avec aucune science humaine authentique, dans la mesure où ses praticiens n’outrepassent pas leur domaine (le monde physique, la psychologie, la sociologie…) Tout cela relève d’objets d’études très spécifiques qui ne peuvent prétendre avoir un regard exhaustif sur l’homme et encore moins sur Dieu. La science moderne n’existe que dans des morcellements de sciences toujours plus nombreuses et qui pour motif d’ exactitude, s’éloignent en contrepartie de l’humain dans son unité vitale concrète, son unicité d’être.
    La philosophie et la théologie sont chacune deux formes de disciplines originales et originelles (existant depuis l’origine humaine) qui on un regard original sur l’homme, sa nature et sa destinée que ne peuvent remplacer les sciences modernes. Celles-ci peuvent éventuellement rectifier des fausses pistes philosophique, et cela est bénéfique aux différentes parties.
    Le scientifique comme tel ne peut s’insinuer dans ces disciplines spécifiques dont la recherche est toujours nécessaire, capitale pour éviter que la sagesse ne soit mise au rebus pas quelque science de l’homme technologique ou ramené au monde strictement animal.
    Il ne s’agit pas d’occulter les sciences modernes et les progrès que leur connaissance nouvelle ont apporté au bénéfice de l’homme. Mais c’ est toujours l’homme qui au terme décide – en sagesse- ce qui convient à son développement intégral. Loin de dénigrer ce progrès technique, toujours second et relatif au bien être intégral, il faut aussi voir les déviations mortifères vers lesquelles notre humanité est orientée par une technocratie (sans sagesse) qui s’emballe désormais.
    Tout ce qui est possible, n’est pas bon! Ce jugement de l’homme en tant qu’homme, capable de prendre du recul par rapport à ses joujoux de loisir et de guerre est une prudence personnelle pouvant s’étendre à une prudence politique et à laquelle le scientifique comme tel est appelé à se soumettre, à partager comme humain, s’il ne limite pas son humanité et celle des autres à sa vision technologique.
    Il est sans doute difficile de soutenir ce primat de la sagesse philosophique et théologique dans un monde occidental dominé par des idéologies technocratiques que leur défenseurs ont les moyens d’ imposer à toute l’humanité toujours plus chloroformée par l’idéologie du progrès destructeur enrobé de tous ses gadgets qui nous enivrent et nous empêchent de prendre une hauteur de pensée.
    Il faut être aveugle pour ne pas voir cette orientation mortifère d’une partie élitiste (hors sol) de l’ humanité exaltant son propre pouvoir scientifique au mépris de sa nature, de son environnement et de toute sa folie sans sagesse.
    Il y a urgence pour reprendre ce ces petites voies des trois sagesses proposée par le père Marie-Do, à la suite de Thomas d’Aquin. Lui aussi cherchait la sagesse et respectait la science, la développant laborieusement mais sans l’idolâtrer. Etant même capable de brûler tous ses efforts humains, s’ils venaient à faire obstacle à la sagesse ultime, la sagesse mystique s’ouvrant à L’Unique Sagesse englobant toutes les autres connaissances sans jamais renier l’intelligence humaine dont Il est l’Auteur.

    Je me suis permis de m’écarter de la lettre des critiques de Mr Piget pour élargir le débat et mettre en évidence un enjeu (plus large, même que la responsabilité ecclésiale) reliée à l’intelligence humaine. J’espère ne pas avoir trop déformé cet héritage qui me fut transmis par le petit père. Je l’exprime si maladroitement! Je ne voulais surtout pas froisser non plus le travail honnête de Mr Piget.
    Merci encore de son effort pour rectifier tous ces documents accablants, anonymes, pseudo-scientifiques. On ne peut que s’insurger des énergies malicieuses qui se cachent derrière tout cela. La vérité est plus que jamais nécessaire.
    Merci à Mr Benoît Piget d’ y avoir contribué et de m’avoir donné un nouvel élan vers cette quête nourrie et récompensée par la sagesse éternelle.

    Armand Theis

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