Benoit PIGE, est universitaire (professeur à l’Université de Besançon) spécialisé dans la gouvernance des organisations et l’audit des grands groupe ayant eu des scandales financiers (Enron, Gemplus, Marionnaud, SG avec l’affaire Kerviel, Lehman brothers, William Saurin, …). Il nous communique ici un article inédit sur sa recherche (non conformiste) sur l’organisation l’Arche qui reprend les faits relatés par les rapports commandités par l’Arche et suggère que ce qui est en cause ce n’est pas tant les éventuelles relations sexuelles d’un homme célibataire (Jean Vanier) avec des femmes adultes consentantes que la gouvernance d’une institution (l’Arche internationale) qui repose encore sur des personnes nommées et choisies sans réel organe de surveillance et de contrôle:
https://shs.hal.science/halshs-04063806/document
( a télécharger)
Il relève ainsi que : “Si les abus sexuels commis par des membres du clergé ont pendant longtemps été occultés, par un effet de boomerang, on en vient à penser que tous les prêtres ou religieux sont des pervers et l’on confond dans une même opprobre les violeurs, les pédocriminels et les personnes qui ont eu des gestes déplacés (avec des gestes affectifs qui peuvent être perçus différemment par celui qui les pose et celui qui les reçoit). Que les personnes fragiles (mineurs, handicapés) bénéficient d’une protection particulière est parfaitement nécessaire.
La question devient plus complexe quand les abus présumés ont eu lieu entre personnes adultes consentantes et que les faits ne sont révélés qu’après le décès de l’un des protagonistes. Certes, on peut parler d’emprise spirituelle mais il est toujours gênant que la morale publique ou religieuse aille très au-delà de la loi pénale. Autant il est évident que des enfants agressés sexuellement portent des stigmates que la justice doit reconnaître et que les coupables (leurs auteurs et ceux qui les ont couverts ou dissimulés) doivent être punis, autant la remise en cause de toute relation affective ou sexuelle entre personnes adultes des décennies après lesdites relations est sujette à caution. Cela est encore plus vrai quand cette remise en cause s’accompagne d’un battage médiatique savamment orchestré pour interdire toute émergence d’une voix distincte qui chercherait à témoigner en faveur des prétendus coupables (jugés et condamnés sans avoir droit à la parole et sans même avoir de défenseur)”.
Il faut noter que Benoît Pigé ne fait pas partie d’un groupe ou d’une génération qui a connu les pères Philippe. Son approche est donc d’autant plus intéressante qu’il est un observateur indépendant et neutre dans cette affaire.
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